Dans cet épisode, nous nous intéressons au lien entre spiritualité et argent, deux notions souvent considérées comme opposées voire incompatibles. Est-il possible de réconcilier argent et spiritualité ? C’est ce que nous allons voir dans cet épisode.
Le mot spiritualité vient du latin “spiritus” qui signifie “relatif au souffle, relatif à l’esprit”, ce qui l’associe à l’invisible et à l’impalpable.
Et depuis Platon, la philosophie occidentale empreinte de dualisme a souvent séparé l’esprit et la matière avec une défiance envers la matière et le corps.
La croyance qu’il n’est pas possible d’être riche spirituellement et matériellement est indéniablement influencée par la culture judéo-chrétienne.
Pour les Chrétiens, l’argent a des odeurs de péché. L’avarice est en effet l’un des 7 péchés capitaux.
Les prêtres catholiques doivent d’ailleurs vivre dans la pauvreté.
Et plusieurs épisodes de la bible semblent condamner l’argent, notamment l’expulsion des marchands du Temple par Jésus ou la trahison de Judas qui a vendu Jésus pour quelques deniers.
Et dans l’évangile selon Saint Mathieu, Jésus dit aussi :“il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux”.
La richesse serait ainsi incompatible avec l’accès au royaume de Dieu. Et dans une société où la comparaison est omniprésente et même considérée comme un outil pédagogique, nous sommes toujours le pauvre de quelqu’un et le riche d’un autre.
En occident, la culpabilité et la peur de devenir une mauvaise personne si nous devenons riche se sont massivement imprégnés dans l’inconscient collectif.
Mais si le sujet de la spiritualité et de l’argent est controversé en occident, ce n’est pas toujours le cas dans d’autres cultures, notamment chez les taoïstes.
Dans la pensée chinoise, l’argent n’est ni bon ni mauvais. Tout dépend de la manière dont nous l’utilisons. Pour Lao Tzeu, “Celui qui sait qu’il a assez est riche”.
Dans son livre “L’esprit d’enrichissement”, Cyrille Javary explique que les chinois entretiennent un rapport décomplexé et pragmatique avec l’argent, jusqu’à en faire une voie d’accomplissement.
Et dans la théorie des 5 éléments ou des 5 mouvements en médecine traditionnelle chinoise, l’argent est associé à la fois à l’élément eau et à l’élément terre.
Tout comme l’eau, l’argent est une énergie, une ressource, un liquide (nous utilisons d’ailleurs l’expression “payer en liquide”) qui circule pour nourrir les autres éléments et le cycle de la vie. Si l’eau ou l’argent stagne, le cycle est mis en danger.
A l’image de l’élément terre qui reçoit et qui produit, l’argent apporte aussi un ancrage, une forme de stabilité et participe à la loi du donner et du recevoir.
En Inde, la spiritualité et la volonté d’enrichissement ne sont pas non plus en contraction. L’hindouisme considère en effet que l’être humain à 4 buts à atteindre dans l’existence. Il doit suivre son dharma, un but, un code de conduite, défini par la classe et la caste de naissance rechercher l’artha, c’est-à-dire la prospérité matérielle, le kama, le plaisir, et le moksha, la libération du cycle de la vie